En hommage aux marins disparus !

 

 Histoires de marins rétais ! 

EXCLUSIF ! d’après le récit de Patrick CHEVRIER 

Narrateur : Michel Lardeux.

 

« Il était une fois la famille Chevrier …… »

 

EPISODE 2 : «  DE LA CAMBUSE À LA GAMELLE  »

 Les gamelles à bord étaient rares, les couverts été en fer. La louche : c’était une coquille Saint-Jacques perforée ! La batterie de cuisine était constituée d’une cocotte en fonte, d’un faitout et d’une grande gamelle pour faire cuire le poisson. Comme nous ne pouvions pas conserver la viande plus de 10 jours dans la glace, nous la mangions en début de marée ! Il n’avait pas de frigo à l’époque, alors astucieusement nous mettions la viande dans un trou creusé au coeur de la glace.

C’est le patron qui faisait la cuisine accompagnée du mousse : le fils de Maurice, Michou. Au bout de 12 jours de mer, les repas se ressemblaient : thon le matin, thon le midi, thon le soir, cuisiné bouilli, en ragoût, ou grillé pur varier. Et même les cœurs de thon passaient à la cocotte !... Pas de fantaisie culinaire . A vous dégoûter de manger…. mais quand on a faim !!!

 Nous essuyons une terrible tempête au large des Sables d’Olonnes, sur le « Santa-Thérésa ».

 Mon père, Maurice CHEVRIER, raconte :

« Au large des Sables - d’Olonne à 3 jours de route pour regagner le port, pas question de rentrer ! Le Santa Thérésa était un petit bateau de 14 mètres et il était en pêche par des fonds de 800 mètres. Le baromètre baissait, chutait ...mais la mer était plate ! J’étais inquiet, parce que c’était un petit bateau.

Le Matelot Gaby prend le quart de nuit. Je luidis: si ça fraîchit, tu m’appelles A 4 h du matin Gaby m’appelle et me dis : Tu sais , ça commence à fraîchir Maurice !.

Comme nous étions en fin de marée avec la cale pleine de 5 tonnes de thons, le bateau était quand même sur le nez. Je décide alors de mettre en route pour renter au Sables, revenant surma première décision. La mer était vraiment forte j’ avais diminué la vitesse. Chaque fois que le bateau plongeait dans les vagues, nous étions entièrement recouverts .

J’étais à la barre dans le noir avec 45 nœuds de vent par une mer très forte. Et devant moi, que vois-je arriver ? Une masse blanche dans la nuit, un rouleau, un paquet de mer qui déferle et nous prend sur le tribord du bateau ! Là, nous avions de l’eau partout dans un vacarme infernal…les carreaux de passerelles cassés…L’eau rentrait partout, par la porte arrière de la cuisine , descendait dans le poste d’équipage. La lisse du bateau avait été carrément arrachée, ainsi qu’un tangon. Nous ne pouvions pas continuer à faire route vers la terre 

Alors je décide de mettre bout dedans à la cap ! Jdis à Michel et Gaby de prendre des chiffons et de les imbiber d’huile, pour les amarrer le long de la lisse, afin de « casser la mer ». Nous sommes restés à la Cap pendant 12h ! Dans la soirée, la mer a faibli, le vent est tombé.  Le lendemain matin la mer était maniable . 

Nous avons pu rentrer au port d’attache avec pas mal de réparation sur le Santa-Thérésa.

Et bien sur, les familles étaient sur le port, dans l’attente de nouvelles. »

 Une séquence « émotion » , comme beaucoup de marins peuvent connaître, et qui heureusement ne tourne pas au drame, grâce à l’expérience du patron et de l’équipage !

 L’hiver, Maurice fera les crevettes griseet le poisson naviguant des Sables-d’Olonnes à la pointe du Groin. C’est en 1960 que mon père décide de faire la pêche dans l’ile de Ré, et de ramener toute la famille dans l’ile natale de ma mère, néeRaymonde Brochard, unegrande famille de l’ile de Ré. 

Maurice CHEVRIER partira en retraite à 55 ans.

Le Maire de la Flotte lui demandera de faire le Maître de port à la Flotte en Ré ou il s’occupera des navires de pêches, et des navires de plaisance pendant 8 ans. 

 Prochain épisode N°3 :

Une femme de marin : hommage à ma Mère !  Et Tu seras marin mon fils !