En hommage aux marins disparus !

Histoires de marins rétais ! 

EXCLUSIF ! d’après le récit de Patrick CHEVRIER 

Narrateur : Michel Lardeux.

 

« Il était une fois la famille Chevrier …… »

 1er épisode :Marins de père en fils…. depuis 8 générations !

 L’histoire de la famille Chevrier remonte jusqu’au règne de Louis XIII Roi de France de 1610 à 1643 (Mort de Richelieu en 1642.) 

Grâce au passionnant et difficile travail de recherche effectué par Richard et Marylène Chevrier, cousin de notre président Patrick, nous pouvons suivre sur 8 générations l’histoire d’une vieille famille de pêcheurs d’origine vendéenne de St.Hilaire de Riez, de l’ile d’Yeu , des Sables-d’Olonne et aujourd’hui sur l’ile de Ré. 

 La dynastie Chevrier :

Jean CHEVRIER est né en 1640 à St.Hilaire de Riez . Décédé le 22-04-1702, il était cultivateur. C’est Jacques Chevrierqui sera le premier marin le premier Marin de cette formidable épopée générationnelle. Né le 15-10-1813 à St.Hilaire de Riez, il était de son état Cultivateur –Pêcheur. A cette époque les paysans partait facilement faire la pêche sur les côtes Vendéenne pour une question d’argent, mais aussi pour nourrirde poissons leurs familles l’hiver. 

Constand CHEVRIERné le 29-10-1845 à St.Hilaire de Riez sera un grand Marin ! Il naviguera comme matelot de 2éme Classe, embarquera sur la Corvette « LE CASSARD »1e 1 Avril 1869 : un Vapeur de la Marine National à TOULON, ou il partira. Dans son rôle de militaire nous relevons son incorporation le 7 janvier 1866, sa libération le 1 janvier 1872, etil sera rappelé plusieurs fois dans la Marine pour défendre la France. Il fera aussi la pêche sur les navires des Sables-d’Olonne « le Laborieux) en 1877 immatriculé .L.S N° 134. « Blanche » en 1877 L.S immatricule N° 396 « Le Même » 1879 N° 187. 

 Le navire premier navire de pêche de la famille Chevrier appartenait au grand-père Charles CHEVRIER, qui devintArmateur et Patron. Habitant de la Chaume (vendée) il fera construire en 1922, aux chantiers des Sables d’Olonne.(Espoir Sablais), un Dundee en 1922, de 32 tonneaux de jauge brute : « le Français » LS. 905. Le premier patron était Georges Chaillou, de l’ile d’Yeu,part pour des campagnes de thons entre 20 ou 25 jours de mer .

Cette pêche au thon blanc (germon) se fait à la ligne, à l’aide de deux tangons de 16 mètres de long environ, fixés de chaque côté du grand mât. Ces longues perche de bois, prolongées par un tige de châtaigner qui soutiennent chacune sept ligne en fil de chanvre de différente longueurs, se terminant par quelques mètres de laiton. Au bout sont attachés deux gros hameçons soudés ensemble, recouverts d’une touffe de crin blanc ou rouge selon la couleur de l’eau. Cette pêche exige une bonne vitesse. Si le dundee avance trop lentement, les lignes pendent à la verticale et le thon ne mort pas ! En revanche si le voilier favorisé par une bonne brise, atteint 5 à 7 nœuds, la vitesse provoque l’attaque des germons.

Un jour de tempête Septembre 1930 « Le Français » avec 5 hommes à bord avec comme équipage George Chaillou, son frère Auguste, Jean -Batiste Taraud, Charles Turbé, le mousse Louis Maingourd se trouvait sur la Grande-sole à 35 milles des Sables- d’Olonne. Le patron prit la décision de mettre en cape avec 35 à 40 nœuds de vent. L e réglage des voiles permettait au bateau de gouverner seul en se tenant face à la mer. L’Equipage était dans poste arrière, seul un matelot était de quart. Le poste était une pièce située à l’arrière, autour de laquelle se trouvaient les couchettes.  Quand tout à coup, un énorme paquet de mer s’abattit avec une violence inouïe. L’avant du pont au niveau de la soute à voiles, fut enfoncé de plus de vingt centimètres, le tangon bâbord (perche pour les thoniers) fût brisé net. Le Bateau se coucha, mais, heureusement, il réussit à se relever sinon  « le Français » aurait sombré !

 Emilien CHEVRIER, Né le 20-02-1892 au Sables-d’Olonne débuta avec son père, comme mousse à 13ans, et fera matelot sur les autres navires de pêche des Sables-d’Olonnes . Il terminera sa carrière comme passeur pour la traverser de la Chaume à la jetée des Sables- d’Olonne avec son canot qui pouvait embarquer 10 à 12 personnes. Pas de moteur a bord du canot et chaque traversée, se faisait à la godille ( rame qui était à l’arrière du bateau) et la navigation conduite se faisait à la force des bras. Il assurera cette navette pendant 11 ans jusqu'à la retraite bien méritée ! Il finira sa vie dans l’île de Ré, aux côtés de la famille Chevrier

 Maurice CHEVRIER , fils de Emilien CHEVRIER, naviguera comme mousse à l’age de 12 ans avec son père. Une Famille de 7 enfants des Sables-d’Olonnes. Pas facile pour les mousses, à cette époque, la vie à bord était rude , chargée de toutes les corvées sur le bateau. Et il se faisait « engueuler » du matin au soir aussi bien par le patron, que les matelots !

 Mon père Maurice me raconte. : « Que dès son plus jeune âges,il ne fallait jamais tricher avec ce Métier, que nous faisions partie d’une même et seule famille à bord du bateau ». 

Ensuite il embarque sur un chalutier à moteur la «  Berceuse des flots » des Sables d’Olonnes, comme matelot, un navire de pêche de 18 mètres, ou il pratique le chalut l’hiver et la pêche au thon l’été. 

Voici le temps de la guerre 39 – 45. Maurice Chevrier sera mobilisé et embarque sur le navire de guerre « Le casque », direction la Turquie, où il restera prisonnier de guerre pendant 3 ans. Il sera libéré juste à la libération ,fin 1945. 

Il se maria au Sables-d’Olonnes ou il épousera une Rétaise Raymonde BROCHARD en 1938. Ils viendront s’installer à la Chaume et. ils auront 6 enfants : Maurice , Jean , Chantal, Michel, Christian et Patrick . 

Maurice devient Patron de pêche et prendra le commandement de la Berceuse –des- flots, navire appartenant à un armateur des Sables. Il pratiquera la pêche au chalut. Dur métier à cette époque,car ils partaient pour 15 jours de mer,  dansdes conditions d’ hygiène et d’alimentationpeu enviables.

Expérimenté, Maurice achètera en 1959 son propre Navire de pêche « Le SANTA-THERESA ».

Un navire de 14 mètres, équipé pour la pêche au thon l’été, sur les accords des fonds de 1000 mètres. 30 jours de mer sans nouvelle à cette époque où il n’y avait pas de V.H.F. Juste une station de radio (le Conquet ) qui appellait les navire en mer tous les jours .

-Appel de radio Conquet au Santa-Theresa ? 

-Réponse du patron, en pêche !! : Rien à signaler. 

Le patron donnait des nouvelles, quant la radio du bord pouvait joindre la terre.

La saison de thon commençait l’été , du mois de juin à octobre, Le Santa Thérésa pêchait le thon à la ligne, avec des tangons appeler aussi « perches » de chaque côté du navire, avec 5 hommes d’équipage plus un mousse.  Le fils de Maurice, appelé « Michou », embarque avec lui. il avait 13 ans pour sa première marée de thon. Il a été malade 12 jours sur 24 jours de marée. « Tu feras jamais Marin !! » a déclaré mon père en mettant le pied à terre ! Mais, nous n’avions pas beaucoup le choix. C’était « soit la mer, soit paysan »… Il a choisi la mer !

Comme le navire était petit il fallait embarquer des bidons de gas-oil car les cuves à gaz-oil ne pouvaient contenir que 1200 litres pour une marée de 26 jours. Trop juste pour la marée ! Il y avait aussi des bidons d’eau douce pour la nourriture qui étaient attachés sur le pont dans les coursives, Le navire partait plus lourd en partant, qu’au retour de la campagne 24 jours de thon !. 

Du fait des conditions de travail, le métier de marin- pêcheur demande une grande endurance physique. Le navire de pêche est souvent étroit, soumis aux intempéries, et se trouve constamment en mouvement. A cela s’ajoute, l’environnement sonore très bruyant et un éclairage parfois insuffisant. 

Les moments de repos se font rares lors d’une marée de 26 jours.

 PROCHAIN ÉPISODE :  «  DE LA CAMBUSE À LA GAMELLE  »